Biographie

Née en 1985 à Montbéliard, Marie Pierre Brunel vit et travaille à Bagnolet et Paris.
Formée à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême puis à l’École supérieure d’art et de design de Marseille, elle développe une pratique à la croisée du dessin, de l’illustration, de l’édition et de la peinture. Après un passage au sein du Dernier Cri, elle s’immerge dans la scène undergraphique et la sérigraphie avant d’orienter son travail vers la peinture. Collaborant étroitement avec la galerie Arts Factory, elle déploie un univers nourri de chamanisme, d’art brut et d’anthropomorphisme, peuplé de figures hybrides, masquées ou animales. Entre mythes archaïques et onirisme contemporain, ses grandes toiles acryliques explorent la tension entre humanité et altérité. Ses séries Écorce (Joie Panique, 2021), La réminiscence des pierres (2022) et The ghost of your smile (2024), affirment la sororité comme thème central. Son œuvre a été exposée en France (Musée du quai Branly, Bibliothèque du Musée de l’Homme, Frac PACA, Réunion, Occitanie, Galerie Julio Gonzales, Friche la Belle de Mai) et à l’étranger (Centre de la Gravure de La Louvière, Vertigo Galeria Mexico, Galaxy Gallery Tokyo). Ses éditions figurent dans plusieurs collections publiques (Bibliothèque Kandinsky, BnF, Frac PACA).

Démarche artistique

Mon travail explore les zones de frottement entre la psyché, le corps et le vivant, pour révéler ce qui, dans l’humain, résiste à sa propre disparition. Dans ma peinture, l’omniprésence du bleu nuit ouvre un espace d’onirisme d’où émergent des figures hybrides, masquées, totémiques ou spectrales. Ces présences incarnent des forces archaïques, des mémoires enfouies, des récits collectifs qui hantent mes paysages intérieurs.
Je convoque l’anthropologie, les croyances populaires et les théories écoféministes pour interroger ce qui nous relie dans notre humanité. La sororité, la vulnérabilité et les traumas de l’enfance traversent mes compositions, souvent marquées par un sentiment d’inquiétante étrangeté.
Communiant avec un état du monde semblant suspendu, ma gestuelle installe un silence entre le souvenir d’une image fixe et un flou naissant. Elle cherche une respiration, un équilibre fragile entre instinct et pensée. Les associations parfois contradictoires que je tisse remettent en jeu les notions d’identité, de territoire et de mémoire. La dimension presque rituelle du geste pictural ouvre la voie à une forme de poésie visuelle, où surgissent des figures issues de l’enfance, des croyances ou de la fable. Chaque toile devient un espace d’expérimentation où se croisent traces, strates et mirages, dans une recherche de vérité sensible, souvent vulnérable, mais toujours libre.


Biography

Born in 1985 in Montbéliard, Marie Pierre Brunel lives and works in Bagnolet and Paris. She trained at the École européenne supérieure de l’image in Angoulême and then at the École supérieure d’art et de design in Marseille, developing a practice at the intersection of drawing, illustration, printmaking, and painting. After a period at the publishing house Le Dernier Cri, she immersed herself in the undergraphic scene and in screenprinting before turning her work toward painting. In close collaboration with Galerie Arts Factory, she has developed a universe nourished by shamanism, outsider art, and anthropomorphism, populated by hybrid, masked, or animal figures. Between archaic myths and contemporary oneirism, her large-scale acrylic paintings explore the tension between humanity and otherness.
Her series Écorce (Joie Panique, 2021), La réminiscence des pierres (2022), and The Ghost of Your Smile (2024) establish sorority as a central theme. Her work has been exhibited in France (Musée du quai Branly, Bibliothèque du Musée de l’Homme, Frac PACA, Réunion, Occitanie, Galerie Julio Gonzales, Friche la Belle de Mai) and abroad (Centre de la Gravure de La Louvière, Vertigo Galeria Mexico, Galaxy Gallery Tokyo). Her editions are included in several public collections (Bibliothèque Kandinsky, BnF, Frac PACA).

Artist statement

My work explores the friction zones between psyche, body, and the living world, seeking to reveal what, within the human, resists its own disappearance. In my painting, the omnipresence of midnight blue opens an oneiric space from which hybrid, masked, totemic, or spectral figures emerge. These presences embody archaic forces, buried memories, collective narratives that haunt my inner landscapes. I draw upon anthropology, folklore, and ecofeminist theories to question what binds us together in our shared humanity. Sorority, vulnerability, and childhood traumas traverse my compositions, often imbued with a sense of uncanny strangeness.
In communion with a world seemingly suspended, my gesture creates a silence between the memory of a fixed image and a nascent blur. It seeks a breath, a fragile balance between instinct and thought. The sometimes contradictory associations I weave challenge the notions of identity, territory, and memory. The almost ritual dimension of the pictorial gesture opens the way to a form of visual poetry, where figures drawn from childhood, belief, or fable resurface. Each canvas becomes an experimental space where traces, layers, and mirages intersect, in search of a sensitive truth—often vulnerable, yet always free.



Archive

La Réminiscence des pierres, 2022

À la fois sinueux et singulier, le parcours de Marie-Pierre Brunel ne cesse de surprendre par son évolution. Après un double cursus à l’École Européenne Supérieure de l’Image d’Angoulême puis aux Beaux-Arts de Marseille, un long séjour au sein des éditions Le Dernier Cri et un passage par l’atelier du plasticien Damien Deroubaix dont elle fut l’assistante, Marie-Pierre Brunel s’affirme à tout juste 37 ans comme l’une des artistes les plus accomplies de sa génération.

D’abord reconnue pour ses travaux dans l’édition et l’illustration, elle développe depuis quelques années une œuvre picturale forte, qui entre en résonance avec les préoccupations de l’époque. Questionnant le rapport entre l’humain et la nature, évoquant la place des femmes dans notre société comme les traumas de l’enfance, Marie-Pierre Brunel convoque rituels ancestraux et croyances populaires pour insuffler un ambivalent sentiment d’inquiétante étrangeté dans ses expositions.

Particulièrement habitées, les peintures de « La réminiscence des pierres » s’inscrivent dans la lignée de la série « Écorce » publiée en 2021 par les éditions Joie Panique. Ces deux jalons essentiels dans la production de Marie-Pierre Brunel imposent la sororité comme l’un des thèmes centraux. Poétiques et militants, ils dévoilent les contours d’une jeune artiste en feu, résolument contemporaine.

Galerie Arts Factory, 2022



Marie-Pierre Brunel – Nouveaux spectres

Dans la traversée de son expérience personnelle et dans des passages fulgurants du désastre au miracle, ses œuvres saisissantes jalonnées de transformations incessantes intiment au regardeur le réflexe d’une lecture narrative sans voile où le trait quasi chirurgical livrent des concrétions disparates dans des présents compatibles et irradiants. Cadrées de manière filmiques, les compositions, où les apparitions effarantes et les ombres modératrices se développent sur les traces du sacré, témoignent d’un travail subtil d’exorcisme autour de cette « inquiétante étrangeté » confrontant des rituels ancestraux ainsi que des impressions visuelles soudaines.
Marquées par une impressionnante variété formelle, la myriade de figures que convoque dans ses toiles Marie-Pierre Brunel s’entrechoquent de manière discursive et répondent à des sources éclectiques mettant en lumière une convergence des points de vues iconographiques. Les juxtapositions d’idées jonglant avec la pulsion aventureuse et l’apparition dénoncent des drames autour de thèmes référant aux mythes, aux croyances populaires, aux forces divinatoires mais également à un ailleurs fantasmé et à des crispations foncièrement identitaires. L’artiste atteste d’une pratique tournée vers l’expérimentation constante des nuances et le glissement maîtrisé des temporalités en essayant de se tenir à égale distance de la figuration et de l’abstraction. Les silhouettes auratiques nous livrent des voyages inexorables en terra incognita dans une primitivité lointaine questionnant les usages votifs via des mondes sans âge à travers lesquels se formule un rapport sensoriel au monde.
Communiant avec un état du monde semblant s’être arrêté, sa gestuelle installe le silence entre le souvenir d’une image fixe et un flou naissant. Elle offre un échappatoire salvateur en s’accordant des associations contradictoires aptes à remettre en question les mystères de l’identité et l’énigme des territoires. La dimension et la ferveur fantasmagoriques à l’œuvre au cœur de ces toiles donnent vie au surgissement d’une poésie faisant dialoguer fétiches prédicateurs et totems du monde de l’enfance dans des scènes primitives où l’entre-deux hallucinatoire dicte impunément ses lois. Chaque interstice est mu ici par l’instinct et une singulière impétueuse nécessité. Le trouble qui émane de cette mécanique picturale personnelle déjoue tous les poncifs dans des trouées, des percées et des strates formant une généalogie des récits sans concession accueillant librement la notion de mirage par le biais d’anachronismes invariablement fertiles, souvent vulnérables mais jamais entendus ni attendus.

Clément SAUVOY, Critique d’art, 2021


Marie-Pierre Brunel s’est investie dans le monde de l’illustration et de la micro édition par le dessin, la sérigraphie et autres techniques d’impression. Le monde de l’enfance et sa coexistence avec un environnement naturel chargé de sentiments étranges, les figures masquées entre vie et mort, les frontières entre le monde matériel et le monde des esprits occupent une place grandissante dans sa création. L’intérêt actuel pour les Orixás figure parmi ses recherches les plus récentes. Elle vit et travaille à Paris et Saint-Denis. Diplômée de l’Ecole Nationale d’Art et de Design de Marseille en 2014, et de l’Ecole Européenne Supérieure de l’Image d’Angoulême en 2007. Invitée à de nombreuses expositions collectives et personnelles, son œuvre est promis à un bel avenir.

Galerie Paul RIPOCHE, 2018


Marie-Pierre Brunel commence à s’intéresser à l’image au travers de techniques différentes allant du dessin à la vidéo en passant par la bande dessinée. Elle poursuit ses recherches d’agencement des images en ayant recours aux techniques de l’édition (gravure, sérigraphie, lithographie). Il en résulte quatre ouvrages imprimés thématiques « Space Hopi », « Bikini scalp », « Yepen », « Goulag Tattoos ». Elle s’inspire d’objets ethnographiques et de robots, de la représentation du corps féminin, du rapport entre l’Être humain et l’animal, de marqueurs corporels comme le tatouage.
Son langage plastique affirmé par une technique picturale personnelle qu’elle compare à la gravure d’une matrice d’impression apparaît sur des fonds noirs révélant des crânes, des personnages masqués pratiquant des danses rituelles. Ces propositions plastiques sont des détournements d’images vers des destinations surprenantes.
Les peintures et les dessins de Marie-Pierre Brunel relatent l’aventure de l’Être humain aux prises avec son environnement en cultivant ce concept freudien d’ « inquiétante étrangeté », faisant appel à ce malaise dû à une rupture dans la rationalité rassurante de la vie quotidienne.

Alain CARDENAS-CASTRO, Musée de l’Homme, 2017


Marie Pierre Brunel est née en 1985. Originaire de Montbéliard, elle vit et travaille à Paris. A l’instar de sa formation passée par l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême puis l’École supérieure d’art et de design de Marseille, le travail de Marie-Pierre Brunel oscille entre dessin, illustration, édition et peinture. Après un long séjour au sein du Dernier Cri entre 2010 et 2014, où elle s’immerge au cœur de la scène undergraphique tout en développant sa pratique de la sérigraphie, elle intègre comme assistante l’atelier du plasticien Damien Deroubaix.
Dans le même temps son travail personnel, essentiellement centré sur les arts graphiques, va évoluer vers une approche résolument picturale en se nourrissant de références telles que le chamanisme, l’art brut ou l’anthropomorphisme, créant ainsi des personnages hybrides dotés de monstruosités et d’anomalies singulières. Jeux de masques, rituels ancestraux, croyances populaires et squelettes d’animaux confèrent une atmosphère sombre et inquiétante aux acryliques grand format de Marie-Pierre Brunel. Elles sont présentées pour la première fois à Paris à l’occasion de l’exposition DARKNESS.

Galerie Arts Factory, 2017


Les peintures de l’artiste Marie-Pierre Brunel campent un univers étrange, à limite de la réalité, convoquant les imaginaires populaires et mettant en scène l’enfance. Pour donner à ces images toute leur valeur intemporelle, l’Atelier Césure imagine une édition où les portraits d’enfants en pieds sont mis en face de morales de fables du 18ème siècle. Ainsi, ils semblent animés, scandant avec force des leçons de vie.
Le format de Morales rappelle celui des fabliers, et la mise en page, aux accents classiques, défie par endroit la métrique, bousculant les compositions typographiques pour faire surgir les mots, comme des cris.

Atelier Césure, 2017


L’artiste collectionne, compile, accumule toutes sortes de documents formant une bibliothèque de matière première nécessaire à sa production (anciennes publicités, manuels d’éducation, images encyclopédiques, gravures du folklore de différents pays…). Ces images sont par la suite conjuguées, détournées, disloquées ou collées les unes aux autres, offrant un univers singulier de mutations visuelles.
Son travail tourne autour des thèmes du masque, du déguisement, de l’animalité, des rituels ancestraux, de l’inquiétante étrangeté. On trouve de l’étrange, voire du fantastique, autant dans ses dessins que ses peintures, gravures, et collages.
L’artiste a exposé à Marseille, Hambourg, Tokyo, Forcalquier… Marie-Pierre Brunel a participé à de nombreux fanzines, magazines, et livres collectifs (Avorton, Banzaï, Gestrococlub, Viande de chevet, Le Crachoir, La tranchée racine, Poil Superflu, Hopital Brut, Gehen, Black eyes (USA), Qué Suerté (ES), Kuti-Kuti (Fi), Kus (Lva), Ax magazine (Ja)…).

Galerie E², Bruxelles, 2016


PRESSE

Après les accrochages rétrospectifs liés à son vingtième anniversaire, Arts Factory revient à ce qui fait sa force : révéler les jeunes talents de la scène graphique underground internationale. Un trio se partage l’espace. Nobu, soit Wataru Kasahara, offre avec Disgrace un pendant torturé à son œuvre musicale ; la Franco-Suédoise Rebecka Tollens propose Daydream, journal intime à la mine, particulièrement plombé ; tandis que la Parisienne Marie-Pierre Brunel s’échappe avec Darkness du côté obscur du mythe et du conte… Des visions sombres et désenchantées pour commencer l’année.
Télérama, Bénédicte Philippe, 2017

Le supergroupe composé de Forever Pavot, le projet d’un seul homme qui ressuscite le psychédélisme des 60’s ; et de Calypso, une formation de pop exotique au parfum de cocotier. Pourquoi l’écouter ? Mélodies colorées psychotropes, distorsions idoines et chœurs chamallow-esques : on nage en plein dans un délire sous LSD qui ne virerait pas au bad trip. La belle pochette peinte à l’aquarelle par Marie Pierre Brunel transporte Alice au pays des merveilles dans une jungle luxuriante.
Les Inrockuptibles, Bettina Forderer, 2016

Le travail de Marie-Pierre Brunel oscille entre dessin, illustration, édition et peinture. Elle se nourrit de références comme le chamanisme, l’art brut ou la transformation pour créer des personnages éphémères dotés de monstruosités et d’anomalies particulières.
“Chamanisme” est une série de peintures à l’acrylique sur papier aquarelle ou la notion “d’inquiétante étrangeté” donne naissance à des êtres aux visages cachés, effrayants et squelettiques. “Corps sous-marins” explore le symbolisme d’une époque révolue. Des personnages hors du temps fusionnent avec des éléments aquatiques. Dessinées sur un papier de récupération en petits formats, les images mettent en scène le règne animal et végétal.
Marie-Pierre Brunel a aussi réalisé “Yepen”, une édition composée de planches sérigraphiées dont l’emploi des couleurs primaires en transparence fait référence aux illustrations des années 50. Des corps montés de squelettes d’animaux confèrent à l’ouvrage une atmosphère inquiétante. Le médium, au service du propos, conduit l’artiste à la création de nouvelles formes…»
Etapes magazine spécial diplômés, Claire Gadault, 2015

Interview The Good Choice – 06.12.22

Interview Hors série Création Féministe Station station du 12.10.22

Interview France Culture, émission Mauvais Genre du 29.09.18

Article dans Art & Métiers du Livre N° 330 – Janvier-Février 2019

Interview Beware Mag 12.18

Interview Blog Les Créativantes 11.10.2018